XVIII
Trinidad, un soleil de matin humide…
À l’est, la montagne verte, en pics aigus ; à l’ouest, la ligne fuyante de la côte boueuse de l’Orénoque.
Et là, sous des voiles de vapeur bleue, Port d’Espagne dont la voix arrive jusqu’à nous par moments.
Trinidad… des équipages d’autrefois, des attelages à la Daumont, des cavaliers qui tournent sur l’esplanade de la Savane, des arbres lourds de fleurs rouges, des villas sous les cocotiers, puis la route entre des maisons sur quoi s’entassent les bambous géants…
Le soleil est tombé derrière la montagne, tout à coup. La nuit est venue en quelques minutes, sous les rapides feux violets, rouges et mauves d’un crépuscule en feu d’artifice.
Maintenant la montagne a disparu. Un orgue de nègre moud des cantiques au bord du chemin.
Un maître d’hôtel noir en smoking blanc salue. Le dîner est servi.