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de mon foyer… Et moi, dans la cellule humide et glaciale, puis dans la chambre d’hôpital où ils me tiennent enfermé, je ne vois plus le jour qu’à travers un grillage.

Je cherche en vain les mots de colère et de haine. L’horizon qui s’ouvre derrière la pénombre douloureuse du présent, est un embrasement de lumières. La lumière du passé jaillit entre les murs qui m’entourent comme une eau grondante à la barrière d’une écluse.

Maître, vous m’avez demandé un mémoire…

Dans la nuit qui m’enveloppe, je n’ai trouvé que ce rêve semblable au fond de mon âme à un fleuve phosphorescent, un soir dans la jungle.

Pendant que les pirates se partagent le butin, j’écris ce qui remplit ma vie. Tout le reste n’est rien.

Au placer Elysée, dans la haute Guyane, un homme a vécu parmi nous qui n’était qu’une ombre. Il avait une âme délicate et tendre, des vêtements à l’ancienne mode et un corps translucide.

Ce n’était qu’un esprit… et pourtant nous l’avons vu, nous lui avons parlé, il a été notre compagnon dans la jungle aux murs de lianes, d’orchidées et de colibris, dans la jungle aux murs vivants.