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XXVII



LE quatrième jour, vers midi, j’arrivai sur les bords de la Mana. Le fleuve est une foule tumultueuse et pressée. J’arrivais devant lui comme un paysan dans une ville.

Je montai un carbet et préparai mon repas. Je restai là jusqu’au soir, joyeux, observant la marche innombrable du fleuve.

Mon plan était de suivre la berge jusqu’au camp des Saramacas. C’était la partie la plus rude de la route. La brousse, au bord de l’eau, est impénétrable et, parfois, des savanes noyées obligent le voyageur à faire de longs détours sur un terrain impraticable. Suivre la berge est impossible lorsque le rideau de lianes ferme l’horizon comme un mur. Parfois, j’enfonçais dans la vase jusqu’aux genoux. Je crois bien que le premier jour je ne fis guère plus d’un kilomètre ou deux.

Cependant, le voisinage du fleuve me remplissait l’âme d’une joie intérieure, indéfinissable.

Le soir, pendant que le riz cuisait sur le feu de bois odorant, je construisais, avec des feuilles de bananier sauvage, un toit pour m’abriter contre la rosée de la nuit.

Un bruit familier vint du tournant lointain caché par les brouillards effilés. Ce n’était ni le cla-