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Je suis libre et heureux.

On voit, pressés sur la grande roche, au milieu du fleuve, un peuple bigarré d’oiseaux. Ce sont des hérons « grands-blancs », des pélicans argentés, des ibis pourpres, des condors couleur d’ardoise et des urubus noirs, géants. Ils ont quitté leurs demeures dans les hautes frondaisons pour venir sécher leurs ailes. Ils se tiennent alignés et silencieux. Parfois, un aigle blanc, tacheté de noir, apparaît très haut dans le ciel et tombe tout à coup perpendiculairement sur la roche. Pour lui faire place, les éventails ouverts des ailes multicolores frémissent, font un remous bariolé parmi quelques cris désagréables et des croassements de colère.

Ils sont, sur la pierre blanche, résignés, entassés et blottis, comme des forçats sur le pont d’un navire.

Peu à peu, les grands tapis verts et bruns de lianes étendues sur les parois de la jungle le long du fleuve se remplissent d’un monde inconnu de reptiles et de bêtes grimpantes. Les serpents s’enroulent aux branches qui ont leur couleur ; les singes nains, noirs, gris et fauves, s’accrochent comme des écureuils aux lianes, et font le gros dos au soleil pour sécher leur poil.