Aller au contenu

Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conquérir que nous étions partis, comme les chevaliers normands d’autrefois. Sur les pirogues, nous avions dressé les pomakaris, les arceaux de lianes et les feuilles de palmiers ; nous avions cru conquérir le royaume fabuleux… et nous sommes morts, ignorants et faibles.

— …

— Et toi, pourquoi ne vas-tu pas à la conquête de la mine ? El Dorado est toujours vivant… Sous le soleil, la ville d’or flamboie et t’attend…

Quel est donc cet homme et qu’elle est cette force ?

La voix est celle de l’Indien… et ces mêmes paroles, je les ai entendues au placer.

Le fantôme qui est là devant moi, sans que je puisse affirmer sa présence réelle, exprime des pensées qui dormaient dans une conscience obscure au fond de mon âme.

Peut-être est-ce l’évocation d’une existence antérieure ?

Mes sens, douloureusement tendus, cherchent à pénétrer le mystère ; et je me sens plus faible et plus ignorant que l’ibis qui, pendant des heures, immobile au bord de la rivière, fixe le soleil.

Une puissance magique m’entoure… et ce n’est qu’une parcelle de la vérité qui pénètre en moi.

Mais, à quoi bon tant d’efforts ?… c’est un abîme, et je ne suis rien.