Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XLIV



LA voix grave de Pierre Deschamps, qui parlait à Delorme, s’arrêta soudain. La phrase commencée resta suspendue dans l’air immobile.

Les hommes venaient de percevoir ensemble la présence attendue.

Ils voyaient, sur le sentier, noir de nuit, la robe de Marthe et son visage, et l’auréole de ses cheveux. Cependant, ce n’était qu’un mirage… la plupart d’entre eux tournaient le dos à la porte. La lumineuse vision était produite par un sens inconnu qui se révélait dans tout leur être.

Tous voyaient Marthe distinctement, comme si sa marche était éclairée par un phare.

Elle gravissait lentement la côte ; elle déboucha sur le terre-plein. Et, quand elle entra, encore enveloppée par la nuit, ils eurent tous un frissonnement aux épaules, comme s’ils sentaient une main, tout près d’eux, qui allait les toucher.

Quand elle eut rangé sur la table les orchidées violettes et blanches qu’elle portait, Marthe s’approcha de l’Indien immobile dans une encoignure, et se tint auprès de lui, diaphane, semblable à une ombre oscillant sur le sol.

Il y avait sur sa poitrine une rose rouge dont