Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/238

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— Je ne sais pas pourquoi je viens… les hommes dorment…

J’entends, dans ma poitrine, battre mon cœur ; les veines de mes poignets sont gonflées et se tendent, et vibrent douloureusement. Les dents serrées, tout le corps contracté, je lutte pour garder l’immobilité par quoi je voudrais affecter l’indifférence.

Pour me forcer sans doute à la regarder et à lui parler, elle a pris ma tête dans ses mains… ses mains sont moites. Je sens sur mon front passer, comme un picotement de pointes de feu, ses cheveux qui me frôlent. Et je vois que ses lèvres tremblent légèrement.

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Un jour, au placer Elysée, dans la case éblouie de soleil couchant, j’ai vu le visage de Marthe incliné sur le front de Marcel Marcellin. Ses lèvres rouges caressaient la peau brune du créole. D’un élan, elle avait pris à pleins bras le corps splendide du jeune dieu noir, et, l’étreignant et le berçant, elle disait…

Les lèvres rouges disaient aux lèvres frémissantes de l’athlète vaincu :

— Je suis éprise de vous…

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Elle est comme une jeune fille rougissante et