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Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/42

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IX



QUAND l’ombre les rapproche, les arbres parlent entre eux. Ils chuchotent à voix basse les événements du jour. Les yeux fermés par la nuit, ils se recueillent… Comme les femmes, à la veillée, ils bavardent et radotent : ils n’ont rien à se dire, et n’en finissent pas :

— Les singes rouges sont partis… Comment ont-ils pu passer la rivière puisqu’il n’y a pas de branches sur l’eau ? Reviendront-ils ? Ils ont mangé toutes les noix des balatas. Nous étions habitués à leurs cris et à leurs jeux…

— Le vautour « grand-bois » qui chassait ici l’an dernier est revenu ; il conduit une bande…

— Le tigre a gratté mon écorce et fait saigner la sève…

— Les bûcherons ont marqué à la hache le grignon orgueilleux qui étalait un parasol sur nos têtes…

Ainsi parlent les arbres quand l’ombre les rapproche.

La lune équatoriale éclaire la forêt d’une lueur diaphane. Le jour n’est pas plus lumineux par un ciel gris, à midi, en Europe.