Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/77

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ce n’est pas une hallucination puisque tous le voient et lui parlent.

Il y eut un long silence. Et, soudain, dans un faisceau de lumière qui venait de la grande porte, ils discernèrent à nouveau l’ombre blanche. L’image, dispersée un instant dans les remous de l’air provoqués par l’entrée en tempête de la robe de Marthe, était là, nettement dessinée.

Marthe détacha de son corsage une rose, et la tendit en souriant.

— Voulez-vous cette rose ? dit-elle.

Le fantôme respira longuement la fleur rouge encore imprégnée de la moiteur des seins qui l’avaient portée ; sa main diaphane tenait la rose qui semblait suspendue par miracle dans l’air.

Marcel Marcellin fit un pas en avant.

— Prends-la, dit-il à Delorme… c’était sans doute pour toi que Marthe l’avait apportée.

L’ingénieur hésita, puis il lança la fleur sur la table.

— Marthe, dit-il, tout ce qui vient de vous a un prix inestimable… pour conquérir cette rose, Dieu sait ce dont je suis capable… vous seule pouvez dire à qui elle appartient.

La jeune femme, les yeux baissés, resta silencieuse.

Il y avait dans l’air des battements de cœurs, comme des palpitations d’ailes. Quelques colibris