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Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/81

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sur Marthe, comme s’il cherchait de la sympathie. Il y avait dans son regard une joie timide.

Marthe lui sourit. Elle aurait voulu lui parler ; mais la paix du matin, l’heureuse lassitude de ses sens, une égoïste joie intérieure ne lui mettaient aux lèvres que des paroles indifférentes.

Et cet homme était là, qu’elle ne comprenait pas et dont la peine la troublait et l’irritait.

Il la regardait, humble, tremblant légèrement, comme un adolescent devant une femme et qui voudrait faire quelque confidence.

— Pourquoi viens-tu ? dit-elle.

— Je ne sais pas.

— Comme tu es pâle et défait… qu’as-tu ?

— Rien…

Elle l’observait, interdite. Il la regardait maintenant bien en face, avec un visage contracté el plus blême.

— Cette rose rouge, dit-il dans un effort, la rose…

— …

Il fixait toujours la jeune femme sur qui tombait un rayonnement spectral.

— La rose… Marthe. La vie n’est pas le soleil, ni la lumière… la vie, c’est cette rose.

Marthe, réveillée en sursaut, se tenait assise sur son lit cherchant avidement, dans la pénombre plaire, l’image disparue. Elle avait compris qu’une