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VI

des conjectures sur la marche de ses idées, les deux Mémoires qu’il présenta à l’Académie des Sciences ayant été perdus ; une chose toutefois est certaine : il était, au commencement de 1830, en possession de ses principes généraux, comme le montre l’analyse d’un Mémoire sur la résolution algébrique des équations dans le Bulletin de Férussac, où sont énoncés une série de résultats qui ne sont manifestement que des applications d’une théorie générale. Ce court article est le plus important qui ait été publié par Galois lui-même, le Mémoire fondamental sur l’Algèbre retrouvé dans ses papiers n’ayant été imprimé qu’en 1846.

On trouvera, dans l’article de M. Dupuy, des renseignements d’un grand intérêt sur la vie de Galois. Il est peu probable que de nouveaux documents viennent désormais s’ajouter à ceux que nous possédons maintenant. Après deux échecs à l’École Polytechnique, Galois entra à l’École Normale en 1829 et fut obligé de la quitter l’année suivante. Dans la dernière année de sa vie, il se donna tout entier à la politique, passa plusieurs mois sous les verrous de Sainte-Pélagie et, blessé mortellement en duel, mourut le 31 mai 1832. En présence d’une vie si courte et si tourmentée, l’admiration redouble pour le génie prodigieux qui a laissé dans la Science une trace aussi profonde ; les exemples de productions précoces ne sont pas rares chez les grands géomètres, mais celui de Galois est remarquable entre tous. Il semble, hélas ! que le malheureux jeune homme ait tristement payé la rançon de son génie. À mesure que se développent ses brillantes facultés mathématiques, on voit s’assombrir son caractère, autrefois gai et ouvert, et le sentiment de son immense supériorité développe chez lui un orgueil excessif. Ce fut la cause des déceptions qui eurent tant d’influence sur sa carrière, et dont la première fut son échec à l’École Polytechnique. Son examen dans cette