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puisque, dans le théorème précédent, il ne s’agit que des substitutions que l’on peut faire dans les fonctions.

Scolie II. — Les substitutions sont indépendantes même du nombre des racines.

PROPOSITION II.

Théorème ([1]). — Si l’on adjoint à une équation donnée la racine d’une équation auxiliaire irréductible, 1o il arrivera de deux choses l’une : ou bien le groupe de l’équation ne sera pas changé, ou bien il se partagera en groupes appartenant chacun à l’équation proposée respectivement quand on lui adjoint chacune des racines de l’équation auxiliaire ; 2o ces groupes jouiront de la propriété remarquable, que l’on passera de l’un à l’autre en opérant dans toutes les permutations du premier une même substitution de lettres.

1o Si, après l’adjonction de , l’équation en , dont il est question plus haut, reste irréductible, il est clair que le groupe de l’équation ne sera pas changé. Si, au contraire, elle se réduit, alors l’équation en se décomposera en facteurs, tous de même degré et de la forme


étant d’autres valeurs de . Ainsi, le groupe de l’équation proposée se décomposera aussi en groupes chacun d’un même nombre de permutations, puisque à chaque valeur de correspond une permutation. Ces groupes seront respecti-

  1. Dans l’énoncé du théorème, après ces mots : la racine d’une équation auxiliaire irréductible, Galois avait mis d’abord ceux-ci : de degré premier, qu’il a effacés plus tard. De même, dans la démonstration, au lieu de étant d’autres valeurs de , la rédaction primitive portait : étant les diverses valeurs de . Enfin on trouve à la marge du manuscrit la note suivante de l’auteur :

    « Il y a quelque chose à compléter dans cette démonstration. Je n’ai pas le temps. »

    Cette ligne a été jetée avec une grande rapidité sur le papier ; circonstance qui, jointe aux mots : « Je n’ai pas le temps », me fait penser que Galois a relu son Mémoire pour le corriger avant d’aller sur le terrain. (A. Ch.)