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LA TÉNÉBREUSE AFFAIRE

m’ont mis en garde contre les gestes prématurés.

Il ne m’appartenait pas d’ailleurs de m’emparer de cet homme : cela regardait la police officielle.

De sorte que plus que tout, je crois, le sentiment de ma dignité arrêta mon élan.

Slang achevait tranquillement sa toilette qu’il compléta par une cravate écossaise, un gilet de piqué blanc, un veston de cheviotte bleue ; il coiffa un chapeau melon en feutre gris, prit une badine de bambou puis sortit d’un tiroir une paire de gants jaunes qui n’avaient jamais été ouverts et que, précautionneusement, il garda à demi ployés dans sa main.

Cependant, il se souvint qu’il avait oublié quelque chose dans ses vêtements de travail : c’était un portefeuille en cuir fauve, tout bourré de papiers qu’il glissa furtivement dans sa poche comme s’il eût craint que je pusse apercevoir ce qu’il contenait.

Puis il consulta sa montre :

— Hurrah ! s’écria-t-il, j’ai encore le temps de prendre le train de onze heures quarante-six… Au revoir, fellow !… Va déjeuner dans le pays… tu trouveras à l’angle de Sussex-Street et de Wimbledon-Place un petit restaurant pas cher où