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Page:Galopin - Le Docteur Oméga, 1906.djvu/212

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LE DOCTEUR OMÉGA

revinrent au véhicule, dans lequel ils entrèrent sans proférer un mot…

Je devinai aussitôt ce qui s’était passé…

Après quelques instants de silence, le docteur prononça enfin de sa voix grave :

— Monsieur Borel, notre dernière espérance est retournée vers la terre…, notre enveloppe n’est plus dans la caverne… Les petits Martiens de la côte, ces vilains monstres que nous aurions dû tous massacrer sans pitié, ont coupé les amarres… et tiré la répulsite en plein air… elle s’est envolée… et maintenant… il ne nous reste plus qu’à retourner chez Razaïou et à nous faire pardonner notre équipée… en attendant qu’un savant de la Terre vienne nous délivrer.

— Alors… nous attendrons toute notre vie…

— Monsieur Borel… vous êtes décourageant, fit le docteur en devenant cramoisi… vous ne comprenez décidément rien aux choses scientifiques… vous… n’êtes qu’un… violoniste !…

Être traité de violoniste par le docteur, c’était la suprême… la sanglante injure…

Je ne répondis point et m’assis dans un coin du véhicule, à côté des Mégalocéphales qui grelottaient toujours.

— Oui… oui… pensais-je…, le docteur a raison… Je ne suis qu’un violoniste… il faut être un violoniste, en effet, pour se lancer dans une aventure comme celle-là… ; un homme qui réfléchit, qui pense, n’aurait point tenté ce voyage planétaire…

Le retour s’effectua tristement… nos visages s’étaient allongés, notre belle assurance de la veille avait fait place à un véritable abattement. Seuls, les petits Martiens étaient d’une gaîté folle à mesure que nous nous rapprochions des domaines de Razaïou !

Heureux Mégalocéphales ! nous voulions les arracher à leur planète pour les montrer aux habitants de la nôtre, et c’étaient eux qui nous ramenaient vers leur affreuse ville !