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LE DOCTEUR OMÉGA

gner dans un voyage fantastique — c’est le mot — un voyage extraordinaire que je ne croyais jamais accomplir, mais qu’une récente découverte a rendu possible… Je suis arrivé à trouver un corps qui est repoussé par la pesanteur… et s’en sert comme d’un point d’appui pour s’élever dans les airs…

Je faisais de la tête des signes admiratifs, mais plus le docteur se lançait dans des explications touffues, plus cette opinion s’ancrait dans mon esprit : « cet homme est décidément fou… cependant… c’est une folie douce… en ne le contrariant pas, je n’ai rien à craindre. »

J’eusse même été complètement rassuré, si de temps à autre, le bonhomme ne se fût retourné brusquement sur son siège pour regarder derrière lui…

Plusieurs fois même il se leva et je le vis se diriger vers le cubilot qui chauffait dans le fond de la pièce.

Ce manège m’intriguait et le vieillard lut sans doute dans mes yeux la question que je n’osais lui poser, car il me dit :

— Vous vous demandez pourquoi je vais si souvent jeter un coup d’œil sur le récipient qui se trouve là-bas… Je vais vous le dire…

Il y bout une substance que je soumets à une forte pression et il suffirait d’un moment de négligence pour que ce hangar-ci sautât comme l’autre.

Je sentis un petit froid me passer le long du corps.

— Oui… reprit le docteur… c’est un récipient comme celui que vous voyez au fond de ce couloir qui a amené la catastrophe d’avant-hier…

Un de mes ouvriers avait négligé, en sortant, de ralentir l’ardeur du foyer…

Et mon interlocuteur se leva de nouveau pour aller examiner son appareil.

— Nous pouvons, dit-il, en revenant s’asseoir, atteindre