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LE DOCTEUR OMÉGA

— Oui… oui… répondis-je d’un air entendu, bien que ces explications fussent absolument nouvelles pour moi…

— Or donc, comme tout bon chimiste, j’avais dans mon laboratoire une balance de précision et chaque fois que j’opérais un mélange de plusieurs corps j’avais soin de doser exactement le poids de chacun…

Depuis Lavoisier il était bien évident — ou du moins, il semblait évident — que le poids du corps composé devait être égal à la somme des poids des corps composants. C’était une vérité tellement indiscutable qu’aucun savant n’aurait songé à la contester…

Jugez donc de ma stupéfaction quand, un jour, après avoir minutieusement pesé les différents minéraux qui devaient se combiner dans mon cubilot, je m’aperçus, en dosant un résultat, que la balance indiquait un poids sensiblement inférieur à celui que logiquement… indubitablement… elle aurait dû marquer.

Je crus à une erreur de ma part… J’avais dû mal effectuer mes pesées initiales.

Je recommençai l’expérience… le même phénomène se produisit.

Certainement, me dis-je, ma balance est faussée…

Je la vérifiai en y plaçant deux poids semblables ; les plateaux s’équilibrèrent.

Je pratiquai alors l’opération bien connue de la double pesée : ma balance était d’une justesse irréprochable.

Pour la troisième fois, en surveillant bien le mouvement de mes doigts, je renouvelai le pesage des mêmes métaux et j’obtins un résultat en tous points semblable au premier…

Je commençais à croire que j’avais complètement perdu la tête…

Cependant… petit à petit… une idée se fit jour dans mon esprit… Ce fut d’abord une supposition vague… quelque chose