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LE BACILLE

avouait à ses clients que ce Sidi lui faisait peur et qu’elle n’osait pas le regarder. « J’ai jamais vu un monstre pareil, disait-elle. Sûr que c’est pas naturel une figure comme ça. Si vaudrait pas mieux être mort ! » Et chacun était de son avis. Oui, cet homme-là était vraiment trop répugnant.

Bientôt des curieux attendirent Procas et les scènes qu’il avait eu tant de peine à éviter recommencèrent. On le guettait, et quand il faisait son apparition c’étaient des quolibets et des insultes… Souventes fois, le pauvre homme dut rentrer chez lui sans rapporter son maigre repas. Un soir, il essaya de parler à la foule, d’implorer sa pitié ; ses paroles furent accueillies par des éclats de rire, et il dut fuir, honteux et découragé…

Rentré chez lui, il s’assit devant sa table et se mit à pleurer. Il comprenait que jamais il ne remonterait le courant et que sa vie serait une perpétuelle douleur. Peut-être parmi ceux qui le huaient dans la rue, s’en trouvait-il qui eussent été accessibles à un bon mouvement, mais ils se laissaient dominer par les autres. La foule est fa-