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retiré des affaires

— Cependant…

— Oh !… y a pas de cependant… quand Bill Sharper dit qu’il ne marche pas… y a rien à faire… Faudrait tout d’même pas m’prendre pour un « cockney », monsieur Edgar Pipe !…

— Voyons, mon ami !

— Y a pas d’ami qui tienne… moi, j’aime pas qu’on s’paye ma tête… Ce matin, vous me donnez rendez-vous pour le lendemain, sous prétexte que vous avez une affaire à me proposer et pssst !… Monsieur s’apprêtait à me glisser entre les doigts… Voyons, monsieur Edgar Pipe, c’est-y des procédés honnêtes, ça ?… Moi, j’suis c’que j’suis, mais quand j’donne ma parole, ça vaut un écrit…

— Mais, insinuai-je… vous vous trompez… je ne quitte pas Londres… c’est madame qui s’en va et je l’accompagnais à la gare…

— Non… voyez-vous, on ne me fait pas prendre un bec de gaz pour la lune… Monsieur Pipe, cette malle est bien la vôtre, n’est-ce pas ? Et, d’ailleurs, la meilleure preuve que vous étiez près de filer, c’est que vous aviez pris deux billets à Charing Cross. Avouez que ma police est bien faite…

Je vis tout de suite que j’étais perdu… J’avais échappé à Manzana pour tomber sur une bande de maîtres chanteurs qui ne me lâcheraient pas facilement.

Édith que ne comprenait rien à cet imbroglio, commençait à se fâcher :

— C’est ridicule tout cela, s’écria-t-elle… attendez, je vais appeler un policeman.

— Allons, ma belle, dit Sharper, tâchez de vous tenir tranquille, ou sans cela…

Et il la repoussa au fond de la pièce.

— Edgar ! Edgar ! suppliait ma maîtresse, vous n’allez pas me laisser brutaliser par ce rustre… Il est ivre, vous le voyez bien…

Bill Sharper éclata de rire…