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mémoires d’un cambrioleur

Je ne trouvais rien à répondre et Allan Dickson jouissait de ma confusion… Il me tenait et jouait avec moi comme un chat avec une souris.

Je crus devoir payer d’audace :

— Pardon, monsieur, fis-je d’un ton sec, est-ce un interrogatoire que vous avez l’intention de me faire subir ?

— Peut-être, répondit le détective… Mon devoir est de me renseigner… et vous seul pouvez me donner les éclaircissements dont j’ai besoin. Vous êtes un habile homme, monsieur Pipe, malheureusement pour vous, les imprudences auxquelles vous vous êtes livré pourraient très bien vous attirer des ennuis… et, croyez-le, c’est dans votre intérêt que je vous pose toutes ces questions afin que vous soyez préparé à vous défendre dans le cas où la justice vous demanderait des comptes…

— Et pourquoi me demanderait-elle des comptes ?… N’a-t-on pas le droit d’arracher, si cela vous plaît, une poignée de crin à un fauteuil ?

— Évidemment, mais on a aussi le droit de vous demander quel usage vous vouliez faire de ce crin ? Était-ce pour vous fabriquer une perruque ou une fausse barbe ?

Un rire nerveux s’empara de moi et je balbutiai, en regardant fixement le détective :

— Ah ah ! ah !… une perruque !… une fausse barbe !… et pourquoi ?… oui, pourquoi, je vous le demande ?

Allan Dickson avait maintenant une mine sévère :

— Allons, dit-il, n’essayez pas de plaisanter, monsieur Pipe… Défendez-vous, au contraire, cela vaudra mieux… ou sinon…

— Sinon ?

— Je me verrai obligé de vous arrêter.

— M’arrêter… moi ! vous voulez rire, monsieur… on n’arrête que les malfaiteurs… M’arrêter, parce que j’ai arraché une poignée de crin à un fauteuil… ah ! ah ! ah !… je crois que vous cherchez à m’intimider.