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IV

où il est prouvé une fois de plus que l’homme n’est qu’un jouet entre les mains du destin

Je vois d’ici le lecteur sourire et je devine la pensée qui lui est venue à l’esprit.

Il se dit évidemment : « Quel être naïf que ce cambrioleur qui se figure pouvoir convertir en espèces un diamant connu de tous… Mais le premier marchand auquel il l’offrira le fera tout de suite arrêter, c’est certain. »

Non, ce n’est pas si certain que cela. Voyons, vous supposez bien qu’un homme de mon acabit, un professionnel du cambriolage ne se serait pas risqué à tenter un coup comme celui-là, s’il n’avait su d’avance où placer le produit de son travail ». Je ne suis plus un novice et la discrétion que j’observe en toutes choses m’a valu la confiance, je dirai plus, l’amitié de certain négociant d’Amsterdam qui s’entend, comme pas un, à tailler le diamant.

C’est à lui que je m’adresserai. Il partagera le Régent en plusieurs morceaux et le vendra ainsi au détail, en prélevant, comme il est juste, pour sa part, une sérieuse commission. Tout compte fait, il me reviendra de cette vente quelques petits millions que je saurai employer, je vous prie de le croire.

Édith, d’ailleurs, m’aidera de son mieux, car pour gaspiller l’argent, elle n’a pas sa pareille.

Puisque je viens de prononcer le nom d’Édith, je crois que je ne dois plus tarder à vous la présenter. Édith est ma maîtresse, une maîtresse ravissante, exquise, jolie,