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mémoires d’un cambrioleur

sur lequel on vous prendra sans doute, mais vous savez, s’est un bateau bizarre…

— Qu’importe… comment s’appelle-t-il ?

— Le Sea-Gull… Tenez, c’est ce voilier blanc qui est amarré à quai, entre le paquebot de France et la malle de Jersey.

— Vous pourriez me recommander ?

— Oh ! pour ça, non !… Je ne connais personne à bord… Présentez-vous vous-même, vous verrez bien ce qu’on vous dira… Le patron de ce Sea-Gull recrute en ce moment son équipage… Il y a quatre garçons qui ont déjà été engagés. Essayez toujours, vous verrez.

— Merci, dis-je, je vais suivre votre conseil.

Et je me dirigeai vers le Sea-Gull.

C’était un grand yacht blanc gréé en brick-goélette ; le mât de misaine était à phares carrés ; le grand mât avait une voile à corne et un « flèche ». À l’arrière, on voyait un capot vitré sur les côtés duquel étaient accrochées deux bouées.

Aucune passerelle ne reliait le yacht au quai.

— Pourrais-je parler au patron ? demandai-je à un matelot qui était en train de briquer avec ardeur le tillac du bateau…

L’homme me regarda d’un air ahuri… puis mit son index à son oreille et secoua négativement la tête, pour me faire comprendre qu’il était sourd.

Je m’adressai à un autre marin, un grand diable, maigre comme une flamme de sémaphore, et jaune comme un citron.

Il fit un geste auquel je ne compris rien et disparut par une écoutille.

Ils sont bizarres, en effet, pensai-je, les gens du Sea-Gull

Après avoir interpellé encore deux autres matelots, sans obtenir de réponse, j’allais battre en retraite, quand un gros homme vêtu d’un complet de molleton bleu et coiffé d’une casquette galonnée, apparut sur le pont.