Page:Galopin - Mémoires d'un cambrioleur retiré des affaires, 1922.pdf/345

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
345
retiré des affaires

servent-ils plutôt de verrous intérieurs appelés « safety-locks ».

Après deux ou trois essais infructueux, j’ouvris enfin la porte de la chambre. Celle-ci ne contenait, en fait de bagages, qu’une valise bon marché, une serviette de maroquin munie d’une serrure et une petite mallette rigide en peau de porc.

Seules, la serviette et la mallette m’intéressaient, mais il eût été de la dernière imprudence de les forcer. Je les secouai et constatai qu’elles contenaient des papiers. Je songeai bien, un moment, à dévisser les serrures, mais je reconnus que cela était impossible. Alors, l’idée me vint de fouiller dans le tiroir d’une table fixée à la cloison et je fus bien inspiré, car, sous un amas de chiffons, je sentis deux petites clefs réunies entre elles par un anneau brisé. C’étaient les clefs de la serviette et de la mallette. J’ouvris d’abord la serviette. Elle contenait divers papiers et des coupures de journaux. Je pris au hasard deux ou trois de ces coupures et les mis dans ma poche. Cela fait, j’ouvris la mallette.

Ô stupéfaction !

Elle était remplie de bank-notes !… J’en fis à la hâte le dénombrement et en comptai dix liasses de chacune vingt mille livres !… soit environ deux cent mille livres ! une fortune… une fortune colossale !… de quoi mener jusqu’à la fin de ses jours une existence de nabab !

Je fus sur le point d’enfouir ces billets dans ma poche, mais je me ravisai. Agir de la sorte eût été stupide… il y avait mieux à faire. Je refermai serviette et mallette, remis les clefs où je les avais prises et sortis de la chambre après avoir donné un tour de clef.

J’avoue que j’étais un peu troublé… la vue de ces bank-notes m’avait ébloui et mille pensées confuses se heurtaient dans mon esprit.

Comme mon diamant que je sentais là, dans la pochette de ma chemise, me semblait maintenant misérable et mesquin à côté de ces jolis billets que je venais de voir