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retiré des affaires

perdu au jeu dans un casino quelconque.. cela se voit journellement…

— Oh ! monsieur Dickson… quelle reconnaissance nous vous devons, ma femme et moi… et si, un jour, vous venez au Brésil…

— Il est possible que j’aille un jour vous rendre visite, car j’ai pour vous une réelle sympathie je viens de vous le prouver d’ailleurs. — Puisse cette sympathie ne pas m’être funeste… Enfin !… La Banque recouvrera une partie des fonds volés… ce sera déjà quelque chose… Comme elle avait promis une prime de dix mille livres à celui qui retrouverait le voleur… ou l’argent, je toucherai cette prime… Ce sera ma commission dans cette affaire… et la Banque ne perdra donc que soixante mille livres au lieu de deux cent mille… Mais, attention ! n’allez pas vous faire prendre… Voyez-vous que là-bas, en Angleterre, on ait les numéros des bank-notes volées…

— Rien à craindre, répondit Stone… c’est moi qui, à la Banque, comptais les liasses, et les serrais ensuite dans les coffres… Je suis sûr qu’on ne possède pas les numéros des bank-notes…

— Vous en êtes absolument sûr ?

— Oui… vous pouvez me croire.

Cette réponse que j’avais provoquée à dessein me rassurait complètement.

On entendait dans le navire des pas précipités, des coups de sifflet, des appels et un long grincement de poulies. Le Sea-Gull appareillait. Il était temps que je file.

— Adieu, dis-je aux époux Stone… suivez bien exactement mes recommandations. N’oubliez pas que le moindre mot, la plus légère imprudence peuvent vous perdre. Si vous faisiez prendre, je ne pourrais plus rien pour vous.

— Vous retournez en Angleterre ? demanda Stone.

— Oui, et le plus vite possible.

— Vous êtes bien heureux… Nous autres, nous voguons vers l’exil et nous ne reverrons jamais notre pays… c’est dur, croyez-le…