Page:Gandhi - La Jeune Inde.djvu/24

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on l’adopte, il faut au moins qu’elle soit bien conduite et complète : ainsi, « ce serait une méthode raisonnable, vraie et franche »[1]. — On a bien lu ce mot : « raisonnable », appliqué à la violence par ce Rishi de la Non-Violence ! C’est dire que, s’il la rejette, ce n’est pas par défaillance de cœur devant les moyens qu’elle emploie, c’est par certitude de jugement qu’elle n’atteint pas et qu’elle est incapable d’atteindre à son but, — aux effets foudroyants qu’obtient « la Non-Violence sous sa forme dynamique », où « l’âme entière résiste à la volonté du tyran. Un seul individu qui agirait selon cette loi fondamentale pourrait défier la puissance entière d’un empire injuste…, et amener plus tard la chute de cet empire ou sa régénération »[2].

Ajoutons qu’en faisant sonner cette trompette de Jéricho, Gandhi ne fait que reprendre l’expérience des Rishis qui, « s’étant eux-mêmes servis des armes, en comprirent l’inutilité et, plus grands génies que Newton, plus grands guerriers que Wellington, découvrirent et enseignèrent au monde la Loi de Non-Violence »[2].



La Non-Violence est donc un combat. Et, comme tous les combats, — si grand que soit le chef, — l’issue reste douteuse. L’expérimentation que va tenter Gandhi est terrible, terriblement dangereuse. Et il le sait, lui qui redoute la fureur de la populace indienne qu’il déchaîne, plus que la tyrannie de l’adversaire anglais[3].

  1. 2 mars 1922.
  2. a et b p. 108.
  3. p. 93.