Page:Gandhi - La Jeune Inde.djvu/63

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qui ont fait appel seraient d’une façon quelconque un danger pour la société s’ils recouvraient leur liberté. Jamais ces hommes n’avaient commis de crimes auparavant ; la plupart d’entre eux étaient considérés comme des citoyens paisibles et respectables. On ne leur connaissait point d’attaches avec des sociétés révolutionnaires. S’ils ont commis un crime quelconque, ce fut sous l’impulsion du moment et devant ce qui leur paraissait une grave provocation. D’autre part, le public est persuadé que la majorité des condamnations des tribunaux militaires ne s’appuyaient sur aucune preuve satisfaisante. Aussi, j’espère que le Gouvernement qui a bien agi en rendant la liberté aux délinquants politiques, même lorsque ces derniers avaient été pris sur le fait, n’hésitera pas à rendre la liberté à ceux qui ont fait appel, et méritera ainsi le bon-vouloir de l’Inde entière. L’acte généreux accompli à l’heure du triomphe est celui qui a le plus de valeur. Et pour le peuple, ce refus de tenir compte de l’appel des condamnés a été considéré comme un triomphe du Gouvernement.

Je demanderai donc respectueusement aux amis du Pendjab de ne point perdre courage. Il faut nous préparer avec calme au pire. Si les condamnations sont justes, si ceux qui ont été condamnés se sont rendus coupables de meurtre, ou d’incitation au meurtre, pourquoi échapperaient-ils au châtiment ? S’ils n’ont point commis les crimes qu’on leur reproche, ce qui est le cas pour la plupart d’entre eux, nous en sommes persuadés, pourquoi échapperions-nous au sort de tous ceux qui veulent s’élever plus haut ? Si nous avons voulu nous élever, pourquoi