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Page:Gandhi - La Jeune Inde.djvu/68

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rence qui existe entre les deux, c’est que le marchand qui croit à la politique de l’honnêteté ne s’embarrassera plus de son honnêteté lorsqu’elle ne rapportera rien, alors que celui pour qui c’est une conviction continuera d’être honnête, même s’il doit tout perdre.

La Non-Violence politique du Non-Coopérateur ne résiste pas à cette épreuve, dans la majorité des cas. Et c’est ce qui prolonge la lutte. Que nul ne blâme le caractère inflexible de la nature anglaise ! La fibre la plus dure est tenue de se dissoudre au feu de l’amour. On ne pourrait me forcer à changer d’attitude à ce sujet, parce que je sais cela. Quand la nature britannique ou toute autre résiste, c’est que le feu, s’il existe, n’est pas suffisant.

Il n’est pas nécessaire que notre Non-Violence soit forte, mais il faut qu’elle soit sincère. Nous ne devons pas souhaiter du mal aux Anglais ni à nos compatriotes qui coopèrent, tant que nous faisons profession d’être non-violents. Mais le plus grand nombre parmi nous a voulu le mal ; s’ils ne l’a point fait, c’est uniquement par faiblesse ou parce qu’il a cru à tort qu’en s’abstenant de faire le mal physiquement il tenait son serment. Notre vœu de Non-Violence exclut toute possibilité de représailles futures. Quelques-uns parmi nous semblent malheureusement s’être contentés de retarder la date de la vengeance.

Qu’on ne se méprenne pas sur mes paroles : je ne dis pas que la politique de Non-Violence exclue la possibilité de vengeance, lorsque cette politique sera abandonnée. Mais elle exclut absolument la possibilité d’une vengeance future, si la lutte se termine par un succès. Aussi sommes-nous tenus,