Page:Gandhi - La Jeune Inde.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

310 millions d’indiens d’accepter l’anglais comme langue nationale, dans l’intérêt d’autres parties de l’Inde, dont la population ne dépasse pas 120 millions.

Un premier point doit attirer l’attention de quiconque s’intéresse à la question : c’est qu’après un demi siècle de domination britannique, l’anglais n’est pas encore devenu la langue courante de l’Inde. Sans doute, dans nos villes, on parle une sorte de mauvais anglais ; ce fait ne peut éblouir que ceux qui prétendent étudier nos problèmes nationaux dans de grandes villes comme Bombay et Calcutta. Et en somme, quelle en est la population ? Seulement 2,2 % de la population totale de l’Inde. Le second point dont les partisans de l’anglais ne tiennent pas compte, c’est qu’une forte majorité des langues indigènes se ressemblent ; d’où il suit que l’hindoustani comme lingua franca, convient à toutes les provinces, à l’exception de la Présidence de Madras. Étant donné cet avantage de l’hindoustani et notre sentiment national actuel, comment pouvons-nous accepter l’anglais comme lingua franca chez nous ?

La réponse à ce problème décidera du sort des langues indigènes. Notre système d’éducation permet à l’anglais d’avoir une supériorité sur elles qui n’est point naturelle. Les anglicistes extrêmes prétendent que l’anglais doit être employé dès le plus jeune âge dans l’enseignement, fondant cet argument sur le fait que dans un pays étranger les enfants parlent sans difficulté dès le bas âge la langue du pays. La Commission de l’Université de Calcutta réfute cet argument en ces termes : « Alors que dans un pays étranger, l’enfant est entouré d’autres enfants parlant la langue du pays, dans une salle de classe il n’est