Page:Gandillot - Tes seins, AC, vol. 64.djvu/3

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Et je t’implorerai de ma plainte redite
Cent fois, cent fois encore, et je t’adorerai.

Et pourtant je te hais, je te hais tout entière,
Je hais ta beauté fourbe et hais ton cœur navrant.
Je hais ton rêve ainsi que je hais ta matière.
Je te hais et j’irai toujours en t’abhorrant.

Sois sans crainte ! Car c’est de l’amour que ma haine.
J’ai conçu dans l’âme un dégoût immodéré.
Ô rage, et de vouloirs cuisants j’ai l’âme pleine.
Sois sans crainte ! Une nuit sombre je me tuerai.



IA



Entends-tu la note,
Qui flotte,
Qui trotte ?
Entends-tu ? le bruit
Poursuit,
S’enfuit.
Et la peau résonne.
Le cuivre frissonne.
Entends-tu, sans frein.
Gronder le refrain,
Bondir la cadence ?
C’est le tambourin
D’airain,
C’est le tambourin
Qui danse.

Là-bas, sur les tentes aux cols pointus,
Aux trous béants noirs, le soleil éclate.
Il ruisselle à travers la glèbe plate,
Il glisse sur les chevaux abattus,
Et, s’élançant au haut des mâts tortus,
Allume les bannières d’écarlate.
Et tout est mort sous ce grand flamboiement
Au camp muet.
Dans la tente du maître
Dort Ia, la vierge à l’œil de diamant,
La vierge en qui dans son ravissement
La chair éclot, la splendeur vient de naître.
Elle est couchée en ses cheveux ardents.
Son corsage est rouge, sa jupe est verte,
Et son écharpe est d’or. On voit ses dents
Étinceler sous sa lèvre entr’ouverte.
Ses bras sont nus et ses seins jaillissants,
Durs et polis, et sa jambe vermeille.