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LA LANGUE

ET

LA LITTÉRATURE HINDOUSTANIES

EN 1876


I. Voilà la Reine d’Angleterre investie officiellement du titre d’impératrice de l’Inde, « Indiæ imperatrix », titre auquel répugnait, il faut le dire, la fière nation anglaise, sans doute parce qu’il lui rappelait le despotisme napoléonien ; mais ce titre était déjà donné officieusement à S. M. Victoria par les indigènes depuis la réunion définitive en 1857 au sceptre britannique du vaste empire de l’Inde, qui ne compte pas moins de deux cent cinquante millions d’habitants, car on y nommait depuis lors la Reine Schâhinschâh[1], ce qui est la traduction de l’ancien titre persan de Bkeb ov. Heureusement pour les Anglais, qui avec raison n’aiment pas les changements, le nom paternel de « Reine » précédera toujours celui d’impératrice, et il n’en sera pas comme de Napoléon Ier qui était d’abord « empereur », puis « roi (d’Italie) ». La proclamation du nouveau titre doit avoir lieu très-solennellement à Dehli le 1er janvier 1877, après que le Vice-roi aura fait son entrée dans l’ancienne capitale de Schah-Jâhan. Ce vice-roi est Lord Lytton, qui a été secrétaire d’ambassade à Paris, où il a

  1. Ou mieux Schâhanschâh, titre qu’on a vainement supposé être schiite. Voir ma lettre dans l’« Indian Mail » du 25 mars 1876.