Page:Garcin de Tassy - La Langue et la littérature hindoustanies en 1876.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Dans l’Hindoustan, il y a deux partis hostiles au mariage des veuves chez les musulmans : d’abord le parti des sots, dont Dieu nous garde, et, en second lieu, celui des femmes mêmes, dont on connait la faible intelligence et l’ignorance[1]. Nous savons toutefois que les sots d’entre les hommes, c’est-à-dire le vulgaire, se réunira aux gens distingués ; mais il est plus difficile de faire entendre raison aux femmes, surtout parce qu’il n’y a pour elles ni réunion ni société, et qu’ainsi elles restent dans cette sottise et s’y tiennent attachées. Mais nous nous trompons ; la perfection des femmes est entre les mains des hommes ; quand les hommes se décideront à agir et resteront fermes dans leur résolution, il n’y aura pas moyen pour les femmes d’y faire opposition, d’après ce verset du Coran : Les hommes sont au-dessus des femmes, les hommes sont les maîtres des femmes[2].

Il y a quelques années, le maulawi Muhammad Cacim, dans le zila de Saharanpur, ayant célébré le mariage de deux à quatre veuves, des musulmans, insensés et avides de sang, voulurent le tuer. Mais il leur dit : « Je ne regrette pas ma vie, et s’il faut la sacrifier, je le ferai avec plaisir. » En effet, lorsqu’une personne veut entreprendre une grande chose, elle ne doit pas être arrêtée par les milliers de difficultés qu’elle rencontre. »

Quant à la polygamie, qui est usitée non-seulement chez les musulmans, mais chez les Hindous, comme elle est sévèrement interdite chez les chrétiens, les bons missionnaires sont fort embarrassés quand un Indien, mari de plusieurs femmes, veut se faire chrétien. Ce cas se présente en ce moment d’une manière assez piquante pour un grand personnage qui n’est autre que le Thakur de Bhownagar, un

  1. Je n’ai pas besoin, je pense, de rappeler que je suis ici le simple traducteur d’une opinion musulmane.
  2. Sur. Il, verset 228.