Page:Garcin de Tassy - La Langue et la littérature hindoustanies en 1876.djvu/91

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orthodoxe ne peut, selon le babu, désavouer cette grande et vraie doctrine. Les prophètes juifs et Moïse lui-même n’en portent-ils pas témoignage ? Paul n’a-t-il pas parlé de l’influence et de l’opération du Saint-Esprit, et n’y a-t-il pas compté pour la vitalité de l’Église du Christ ? Toujours selon le babu, les membres du Brahma samâj, ou les théistes, comme on les appelle, croient en l’Esprit de vérité. Il prétend qu’ils ont reçu cette doctrine des Védas, les écritures de l’ancienne nation hindoue, où l’Esprit de Dieu est décrit dans le langage le plus énergique et le plus accentué. Selon le même babu, dans l’Inde plus que dans tout autre pays, et dans les Védas plus que dans tout autre livre sacré, les attributs de ce Dieu spirituel sont mieux énoncés et décrits[1].

On sait, d’après l’« Indian Mirror », que le babu Keschab Chandar et ses principaux disciples se réunissent dans un jardin qu’ils ont maintenant acheté, et où ils se livrent au culte de Dieu. La, pendant deux ou trois heures, assis sous des arbres, sur des nattes ou sur des peaux de tigre, ils discutent ensemble sur la religion ; puis les uns se mettent à lire et à écrire, et d’autres se livrent au travail des mains ; ils tirent de l’eau, ils coupent des bambous, ils ouvrent des allées, y plantent des arbres et les arrosent. Quelques-uns vont nu-tête ou même sans vêtements. Ils travaillent ainsi pendant plusieurs heures, puis ils se reposent pendant une demi heure et ensuite ils se livrent de nouveau au service de Dieu. Lorsqu’il fait nuit, avant de se coucher, ils font résonner des instruments de musique, et, tout en chantant, ils parcourent les rues, et quelquefois ils entrent dans la chaumière d’un pauvre homme, ils s’y assoient, et font des prières pour l’avantage des habitants de l’endroit[2].

On dit qu’un jeune membre zélé du Brahma samâj, qui

  1. « Indian Mail » du 28 février 1876.
  2. Panjâbî du 7 juin 1876.