Page:Garcin de Tassy - La Langue et la littérature hindoustanies en 1876.djvu/93

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sait aussi des conférences dans ce sens. Plusieurs personnages influents qui sentent le besoin d’une réforme religieuse lui ont promis non-seulement leur protection, mais leur secours effectif[1]. Encourage dans son entreprise, ce savant pandit est allé prêcher la réforme à Indore, et le maharaja lui a donné toutes les facilités nécessaires pour le faire. Il voudrait, comme Keschab Sen, extirper l’idolâtrie et faire revivre le prétendu pur monothéisme des Védas[2].

On se souvient sans doute d’avoir lu dans ma « Revue » de l’an passé[3] que le réformateur hindou Keschab Chandar Sen recommande à ses adeptes de ne pas se vêtir à l’européenne, ce qui tend à les détacher de leur pays, qu’ils doivent fidèlement aimer. Je trouve dans le Panjâbî[4] un long article contre la manie qu’ont en effet quelques Indiens de vouloir s’habiller à l’européenne, et sur le même sujet, dans le ’Alîgarh Akhbâr[5], une lettre de Kaschi-Nath dans laquelle cet érudit Hindou dit : « Chaque peuple a un costume national qui le distingue. Dans l’Inde, au contraire, tandis que beaucoup d’Hindous tiennent à garder leur costume, d’autres préfèrent le turban et la robe turque, et beaucoup d’entre eux s’habillent il l’européenne. Cette variété est fâcheuse… Ceux qui veulent nous unir en un seul corps de nation doivent s’occuper d’une réforme à ce sujet. Il ne faudrait pas en tous cas que nos femmes suivissent les modes françaises ou anglaises ; nous les préférons avec leurs

  1. Awadh Akhbâr du 21 janvier 1876.
  2. N° du 26 mai 1876. Le pandit ou swami Dayanand est le même dont j’ai parlé plus haut comme fondateur de l’Arya samâj « Société des Aryas », qui a formé le projet de faire traduire en hindoustani les textes originaux des Védas et des autres anciens monuments de la littérature sanscrite qui peuvent donner des éclaircissements sur l’ancienne religion des Aryas. »
  3. Page 80.
  4. N° du 19 août 1876.
  5. N° du 19 novembre 1875.