Page:Garin Le Loherain.djvu/33

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les conduit à Châlons chez le bon évêque Henri, leur oncle, Ils en furent hautement recueillis, et restèrent là plus de sept années, tandis que le roi de Cologne retenait la cité de Metz , car personne ne songeait à la lui redemander.

Garin et Begonnet grandirent, élevés sous les yeux de l'évêque Henri ; c’étaient les plus beaux enfants du monde. Un jour de Pentecôte, fête solennelle, Pépin tenant cour à Montloon, Henri résolut d’y conduire ses deux neveux, il arriva dans la ville, et, dès qu’ils eurent mangé, allèrent voir Pépin qui leur fit grand accueil : « Ces enfants, » dit-il, qui sont-ils ? — Sire, ils sont fils de mon frère Hervis, que les Sarrasins tuèrent devant Metz, au grand deuil de toute Gaule ; retenez-les, Sire, en souvenir de leur bon père qui nous avait bien servi ; ainsi ferez-vous que gentil. — « Très volontiers, » dit le Roi ; « venez avant, Hardré : voici, par Dieu, chose étrange : on m’amène les enfants du Loherain Hervis, dont Anséis de Cologne a saisi la terre ; je les garderai volontiers , si vous me le conseillez. — Vous avez bien dit, » répond Hardré ; « eux et mes deux fils seront copains. — Je les retiens donc, » reprit le Roi, et je les attache au service de mon corps. « 

L’Evêque prend congé du Roi et retourne à Châlons. Le petit Begon devint copain de Guillaume, Garinet le fut de Fromont, fils aîné d'Hardré. Le Roi les chérissait tous quatre ; surtout il avait pris en amour le petit Begon. Quand il dormait, Begon étendait sur lui la couverture, et quand il se levait, l’enfant lui présentait l’eau et le bassin doré. S’il allait chasser en bois, il fallait que Begon le suivît et portât son arc. Un jour Pépin était dans la forêt de Senlis : après avoir pris trois cerfs, il s’était endormi ; le petit Begonnet, assis à son côté, lui essuyait le visage d’un bliaud de samit. Voilà qu’au moment de son réveil, un messager arrive de Gascogne, entre sous la tente du Roi, le salue et parle