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CONTES CORÉENS

douce lueur d’Orion et dans cette clarté s’éteignaient les étoiles et pâlissait le firmament.

Enfin, après un long examen, Kin réussit à distin­guer d’autres parties du ciel qui semblaient onduler comme des flots.

Et il aiguisa tellement sa vue qu’il put apercevoir ce qu’aucun mortel n’avait vu avant lui.

Ceux qui le voyaient ainsi, perdu dans sa contempla­tion, prétendaient que son âme s’était évadée de son corps pour se perdre dans les profondeurs de l’éther.

Le travail de Kin avançait lentement.

Des mois, des années passèrent.

Un jour que Kin contemplait le ciel, — il ne lui res­tait plus qu’à discerner un dernier reflet, — il cessa soudain de voir et l’azur et tout ce qui l’entourait.

Kin était devenu aveugle. Lorsqu’on entra chez lui au matin, on le trouva mort.

On porta son tableau chez le roi ; celui-ci fit appeler les savants et demanda :

« Qu’est-ce que cela signifie ? »

Les savants, après une longue discussion, répondi­rent :

« Cela ne signifie rien. »

Le tableau fut relégué dans les archives.

Mais un sage Chinois vint dire à l’empereur de Chine :

« Le célèbre artiste Kin-Ton, de Corée, a peint un extraordinaire tableau. Il faut l’acquérir à n’importe quel prix. »