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Page:Garine - Contes coréens, adaptés par Persky, 1925.pdf/52

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CONTES CORÉENS

un grand homme et tu as le temps de le devenir. Tu n’as que dix-huit ans. Je t’aime, mais je veux t’aimer da­vantage encore. Et je ne serai pas ta femme avant que tu n’aies appris à lire, à écrire, et que tu ne sois versé dans toutes les sciences.

— Mais il faut au moins dix ans pour cela ! s’écria Ko.

— Dix ans passent vite quand on travaille. Je t’atten­drai en m’occupant du ménage.

— J’accomplirai ton désir, mais dans un an. Je veux vivre cette année avec toi, car tu es belle et je t’aime.

— Non, dans un an, ce sera trop tard. Si tu m’aimes vraiment, tu feras ce que je te demande et m’écou­teras.

— Bien, dit Ko, je consens, mais à une condition : sois ma femme dix jours seulement ; alors je partirai et je ne reviendrai que dans dix ans, tel que tu désires me voir.

— J’accepte, mais d’abord, établissons un con­trat. »

Elle se fit une petite coupure au troisième doigt de la main droite, et, avec le sang qui coulait, elle traça sur le bord de sa jupe des signes relatant le serment. Puis elle détacha ce fragment d’étoffe, le déchira en deux, en donna une moitié à son mari et cacha l’autre dans son sein.

Dix jours plus tard, à l’aube, Ko était parti, et per­sonne ne sut vers quel pays.