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LA SCOLOPENDRE

mais quand il fut à la porte, il eut pitié de la scolo­pendre et il frappa avant d’entrer.

Quand il eut franchi le seuil de la demeure, la jeune femme s’inclina jusqu’à terre devant lui et dit :

« Je vois maintenant que tu m’aimes, et je t’en suis reconnaissante. Je n’ignore rien. Un fantôme se disant ton ancêtre vient de t’apparaître. Ce n’était pas ton aïeul, mais mon ennemi personnel, le serpent, qui fut jadis mon époux. L’un de nous deux devait devenir créature humaine ce soir. L’heure fixée était celle où tu as frappé à ma porte. Si tu m’avais surprise en cachette, je serais restée scolopendre pour dix siècles en­core, et mon ancien mari se serait transformé en homme. »

Bientôt après, ils célébrèrent joyeusement leurs noces et vécurent en s’aimant.

L’ancienne scolopendre apporta beaucoup de bonheur à la race de Nim. Et quoique plus de mille ans aient passé depuis lors, la famille de Nim-San est maintenant encore la plus riche d’I-djoou.