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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome I, 1845.djvu/218

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HISTOIRE

tienne l’ordre de l’univers dans l’immensité duquel il est comme perdu. Le Sauvage, qui n’a encore que des idées matérielles, se plait à se créer des liens avec les divinités qu’il voit dans tous les êtres dont il ne peut comprendre la nature. C’est ainsi que son intelligence trop bornée pour concevoir un être infini, éternel et unique, qui gouverne le monde, voit cet être dans le soleil, dans les fleuves, dans les montagnes, et même dans les animaux, mais sans liaison ni rapport ensemble, comme se le représente le panthéisme ; chacun de ces êtres est l’émanation d’une divinité. Le bruissement des flots, c’est le dieu de l’onde qui gémit ; le murmure du feuillage, c’est la divinité des bois qui soupire ; le souffle du vent, c’est l’haleine de l’esprit céleste qui passe. Il personnifie tout : un dieu habite dans sa cabane ; un autre folâtre autour de son front et abaisse sa paupière dans le sommeil (Bancroft). Quoiqu’il n’ait ni culte, ni temple, ni autel, l’on reconnaît facilement dans cette conception la base de la mythologie payenne. Si les Indiens eussent fait un pas de plus, élevé des temples à leurs dieux, la similitude aurait été frappante ; mais le culte des Grecs, par exemple, annonçait un peuple avancé dans la civilisation ; parceque l’on n’a pas encore trouvé de nation civilisée sans religion.