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DU CANADA.

crevasse dans le sol, le bruit d’une chute ou d’un rapide, frappaient-ils leur imagination, ils offraient des sacrifices aux esprits de ces fleuves et de ces montagnes. Ils jetaient du tabac ou des oiseaux dont ils avaient coupé la tête dans leurs eaux, ou vers leurs cimes. Les Cénis et les Ayennis offraient les prémisses de leurs champs en sacrifice.

Le dieu du mal[1] et celui de la guerre ne voulaient que des sacrifices sanglans. Les Hurons offraient des chiens en holocauste. Les victimes humaines n’ensanglantaient les fêtes des Sauvages qu’après une victoire. Jogues rapporte que lorsqu’il était chez les Iroquois, ils sacrifièrent une femme algonquine en honneur d’Agreskoué, leur dieu de la guerre. « Agreskoué s’écrièrent-ils, nous brûlons cette victime en ton honneur ; repais-toi de sa chair, et accorde-nous de nouvelles victoires. »

Le Sauvage qui avait mis la nature animée et inanimée sous l’influence de nombreuses divinités, qui réglaient dans leur domaine invisible, le destin de toutes choses, devait désirer avoir, lui aussi, un ange tutélaire qui l’accompagnât partout et veillât sur lui. Le jeune Chipaouais se peignait le visage de noir, et

  1. Atahensic était le dieu du mal chez les Iroquois, et Jouskeka le dieu du bien.