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Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome I, 1845.djvu/244

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HISTOIRE

Si les Indiens n’ont jamais été civilisés, s’ils étaient avec cela susceptibles de le devenir, il est impossible non plus de croire qu’ils soient venus même en contact avec aucune autre nation plus avancée qu’eux, car ils en auraient conservé quelque chose. Ils ne connaissaient point la vie pastorale ; ils n’avaient ni vaches, ni moutons, et ils ignoraient l’usage du lait pour la nourriture.[1] La cire leur était également inconnue de même que le fer. Ils n’auraient jamais perdu l’usage de ce métal, qui eût été d’un si grand avantage pour eux, s’ils en eussent une fois acquis la connaissance. Doit-on inférer de là que leurs ancêtres n’ont pas émigré de l’Asie, où toutes ces choses sont con-

  1. « Il existe entre les Sauvages américains et les Arabes-Bedouins d’Afrique et d’Asie, cette différence essentielle, que le Bedouin vivant sur un sol pauvre d’herbage, a été forcé de rassembler près de lui, et d’apprivoiser des animaux doux et patiens, de les traiter avec économie et douceur, et de vivre de leur produit, lait et fromage, plutôt que de leur chair ; comme aussi de se vêtir de leur poil plutôt que de leur peau ; ensorte que par la nature de ces circonstances topographiques, il a été conduit à se faire pasteur et à vivre frugalement sous peine de périr tout à fait : tandis que le Sauvage américain, placé sur un sol luxuriant d’herbes et de bocages, trouvant difficile de captiver des animaux toujours prêts à fuir dans la forêt, trouvant même plus attrayant de les y poursuivre, et plus commode de les tuer que de les nourrir, a été conduit par la nature de sa position à être chasseur, verseur de sang, et mangeur de chair. » Volney : — Tableau des États-Unis.