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DU CANADA.

de repos. Il renvoya un des prisonniers iroquois, et le chargea d’informer les cantons que s’ils voulaient sauver la vie aux autres, il fallait qu’ils envoyassent sans délai des chargés de pleins pouvoirs pour traiter de la paix. Cette menace eut son effet. Des ambassadeurs vinrent la signer aux Trois-Rivières dans une assemblée solennelle et nombreuse tenue sur la place d’armes du fort, en présence du gouverneur-général. Un d’entre eux portant la parole, se leva, regarda le soleil, puis ayant promené ses regards sur l’assemblée, « Ononthio, dit-il, prête l’oreille, je suis la voix de mon pays. J’ai passé près du lieu où les Algonquins nous ont massacrés ce printemps ; j’ai passé vite, et j’ai détourné les yeux pour ne point voir le sang de mes compatriotes, pour ne point voir leurs corps étendus dans la poussière. Ce spectacle aurait excité ma colère. J’ai frappé la terre, puis prêté l’oreille ; et j’ai entendu la voix de mes ancêtres, qui m’a dit avec tendresse : calme ta fureur ; ne pense plus à nous, car on ne peut plus nous retirer des bras de la mort ; pense aux vivans, arrache au glaive et au feu ceux qui sont prisonniers ; un homme vivant vaut mieux que plusieurs qui ne sont plus. Ayant entendu cette voix, je suis venu pour délivrer ceux que tu tiens dans les fers. » Il s’étendit ensuite sur le sujet de son