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HISTOIRE



CHAPITRE II.




GUERRE CIVILE EN ACADIE.



1632–1667.

La France redevenue maîtresse de toute l’Acadie par le traité de St.-Germain, la divise en trois parties qu’elle concède au commandeur de Rasilli, gouverneur, à Charles Étienne de la Tour et à M. Denis. — Ces concessionnaires prennent Pemaquid [Penobscot] sur les Anglais. — Ils se font la guerre entre eux ; la Tour demande des secours au Massachusetts qui consulte la Bible pour savoir s’il peut en donner ; réponse favorable. — Traité de paix et de commerce entre l’Acadie et la Nouvelle-Angleterre, et la Tour est abandonné. — Héroïsme de sa femme qui repousse deux fois les troupes de Charnisé, successeur de Rasilli. — Trahie par un étranger qui se trouve parmi ses suivans, elle tombe avec le fort qu’elle défend au pouvoir de l’ennemi qui fait pendre ses soldats, et l’oblige elle-même d’assister à l’exécution une corde au cou. — Elle meurt de chagrin. — La guerre civile continue en Acadie. — Cromwell y envoie une expédition qui s’empare de Port-Royal et de plusieurs autres postes [1654] ; et il concède à la Tour, qui se met sous la protection de l’Angleterre, au chevalier Temple et à Brown, cette province qui fut ensuite rendue à la France par le traité de Breda en 1667.


Richelieu se fit rendre par le traité de St.-Germain-en-Laye les portions de l’Acadie dont l’Angleterre s’était emparée ; mais il n’avait pas encore l’intention sérieuse de coloniser cette contrée, qui fut abandonnée aux traitans. Laissés à leur propre cupidité, sans frein pour réprimer leur ambition dans ces déserts lointains où ils régnaient en chefs indépendans, ceux-ci s’armèrent bientôt les uns contre les