Aller au contenu

Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome I, 1845.djvu/421

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
423
DU CANADA.

son sermon du jour de Pâques, la conduite du gouverneur général, qu’il qualifia de tyrannique et de violente ; il ne s’arrêta pas là, il recueillit dans la ville des signatures à une remontrance au roi contre lui. Dans un temps où la liberté était inconnue, cette hardiesse parut un second outrage à M. de Frontenac ; et l’ordre fut donné sur le champ d’assigner le bouillant abbé, qui était peut-être en partie la cause, par ses conseils, de la rébellion de M. Perrot, à venir expliquer sa conduite devant le conseil souverain, et plusieurs de ses collègues à comparaître en témoignage contre lui.

Après avoir fait plusieurs fois défaut, ces messieurs se présentèrent enfin ; mais ce fut pour décliner la juridiction du conseil sur eux, prétendant qu’ils ne pouvaient être jugés ou assignés en témoignage que par leur évêque. L’abbé Fénélon se conduisit surtout avec une grande audace. Il réclama le droit que possédaient les ecclésiastiques en France de parler assis et couverts en présence des conseils souverains, et ajoutant l’action à la parole, il s’avança vers les membres et se couvrit avec un geste de vivacité insultant comme pour braver le comte de Frontenac, qui présidait alors le conseil, et qui après lui avoir fait remarquer avec beaucoup de modération l’inconvenance de