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DU CANADA.

Illinois font leurs cabanes de nattes de jonc plat, doublées et cousues ensemble. Ils sont de grande stature, forts, robustes, adroits à l’arc et à la flèche ; mais quelques auteurs les représentent comme errants, paresseux, lâches, libertins et sans respect pour leurs chefs. Ils ne connaissaient point l’usage des armes à feu lorsque les Français parurent au milieu d’eux.

Déjà les hommes de la Salle commençaient à murmurer, et disaient que puisqu’on ne recevait point de nouvelles du Griffon, c’est qu’il s’était perdu. Le découragement gagna ainsi une partie de sa troupe, et six hommes désertèrent dans une nuit. L’entreprise qui avait eu un commencement heureux, semblait maintenant tendre vers un dénouement contraire. Depuis quelque temps des obstacles naissaient chaque jour sous les pas de la Salle, et il fallait toute sa force d’âme pour les surmonter, et toute son éloquence pour rassurer sa petite colonie, à laquelle il fut enfin obligé de promettre la liberté de retourner en Canada au printemps, si les choses ne recevaient point de changement favorable. Afin d’occuper les esprits, et éloigner d’eux l’ennui et les mauvaises passions de l’oisiveté, il se détermina à bâtir un fort sur une éminence qu’il trouva à quatre journées au dessous du lac, sur la