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HISTOIRE

en sentinelles à toutes les maisons sur un espace que des auteurs portent à sept lieues. Tous les habitans y étaient plongés dans le sommeil, sommeil éternel pour un grand nombre. Les barbares n’attendent plus que le signal qui est enfin donné. Alors s’élève un effroyable cri de mort ; les maisons sont défoncées et le massacre commence partout ; on égorge hommes, femmes et enfans ; et l’on met le feu aux maisons de ceux qui résistent afin de les forcer à sortir, et ils tombent entre les mains des Sauvages qui essuyent sur eux tout ce que la fureur peut inspirer. Ils déchirent le sein des femmes enceintes pour en arracher le fruit qu’elles portent ; ils mettent des enfans tout vivans à la broche et forcent leurs mères à les tourner pour les faire rôtir. Ils s’épuisent pendant de longues journées à inventer des supplices. Quatre cents personnes de tout âge et de tout sexe périrent ainsi sur la place, ou sur le bucher dans les cantons où on les emmena. L’île fut inondée de sang, et ravagée jusqu’aux portes de la ville de Montréal.

La nouvelle de ce tragique événement, qui a fait donner à 1689 le nom funèbre de l’année du massacre, jeta le pays dans la plus grande consternation. Le gouverneur qui était à Montréal avait donné ordre au premier bruit