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DU CANADA.

flotte était envoyée pour exécuter la volonté du farouche monarque. Le fort des Français fut surpris, et tous ceux qui ne purent s’échapper, hommes, femmes et enfans, furent massacrés avec cette cruauté froide qui distingue les Espagnols. Les détails des actes de barbarie commis par eux font frémir d’horreur. Les prisonniers furent fusillés, ou pendus à un arbre, sur lequel on mit par dérision une inscription portant ces mots : Ceux-ci n’ont pas été traités de la sorte en qualité de Français, mais comme hérétiques et ennemis de Dieu. Presque tous les colons périrent dans cette catastrophe : quelques uns seulement réussirent à se sauver avec leur chef, Laudonnière. Les vainqueurs gardèrent leur conquête, et s’y fortifièrent avec l’intention de rester dans le pays.

Lorsque la nouvelle de ce massacre arriva en France, elle y excita au plus haut point l’indignation publique. Tous les Français, de quelque religion qu’ils fussent, regardèrent cet acte comme une insulte à la nation, et brûlaient de la venger. Mais la cour fut d’une opinion contraire, et, en haine de Coligny et des Huguenots, Charles IX, ou plutôt Catherine de Médicis, car c’était elle qui gouvernait l’État, le roi n’ayant encore que 15 ans, fit semblant de ne pas s’apercevoir de cet affront. Le monarque oubliant ainsi son devoir, un simple in-