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HISTOIRE

tice, et le gouverneur y avait mis des entraves. Il s’en était suivi des collisions de pouvoir où bien certainement le tort fut du côté de celui-ci. Les anciennes animosités, les anciennes antipathies se réveillèrent vives et ardentes entre ces deux hommes, de sorte que chacun porta un esprit d’exagération dans ses paroles et dans ses actes. Le gouverneur parut favoriser les traitans qui violaient les lois ; l’intendant voulut punir avec rigueur même les ombres de délit. Il faut lire les dépêches de M. Duchesneau pour pouvoir se faire une idée de l’excès des dissentions qui régnaient entre ces deux hommes. L’intendant accusait le gouverneur de faire la traite avec les Indiens par le moyen de M. Du Luth, qu’il qualifiait de chef des désobéissans, c’est à dire des violateurs de la loi. Il assurait qu’il prolongeait son séjour à Montréal, pour veiller aux intérêts de son commerce ; que l’exemple qu’il donnait en enfreignant lui-même les ordonnances faisait que personne ne voulait les observer ; qu’il y avait 5 à 600 coureurs de bois, et que la désobéissance était générale. Ces rapports faits à la cour ne restaient pas assez secrets que M. de Frontenac n’en avait connaissance ; ils augmentaient l’aversion qu’il avait pour l’intendant, et il saisissait toutes les occasions de la lui faire sentir. Aussi celui-ci se plaignit-il dans une