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HISTOIRE

fauts graves d’ailleurs dans un homme placé à la tête d’un peuple. Ils furent pour lui une source de difficultés et de chagrins. Ils lui firent des ennemis acharnés qui n’ont pas peu contribué à faire passer dans son histoire les moindres taches de son caractère. Une circonstance qui mérite d’être remarquée, c’est qu’en même temps qu’il nous le peint comme un tyran, le parti sacerdotal laisse entrevoir que la popularité de ce gouverneur était grande, puisqu’il pouvait faire du peuple l’instrument de ses passions. Aussi un pieux annotateur attaché à la cathédrale de Québec s’écrie-t-il : « Que n’aurait-il pas dû faire dans ce temple pour demander pardon de l’ardeur opiniâtre et comme forcenée avec laquelle il a si longtemps persécuté l’Église, maintenu et souvent même excité les révoltes et les mutineries des peuples contre elle ? » Nous mentionnerons encore, pour faire connaître l’esprit du temps et les mœurs simples de nos ancêtres, que le gouverneur souleva contre lui un orage pour avoir « autorisé ou introduit dans ce pays, malgré les remontrances des serviteurs de Dieu, » les spectacles et les comédies. Dans cette petite société, les moindres choses prenaient les proportions d’un événement, et elles finissaient souvent par en avoir les conséquences. C’est en refusant ainsi le secours du