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HISTOIRE

avait repoussé l’ennemi avec une poignée de braves ; mais depuis cette époque glorieuse pour sa réputation, un changement inexplicable s’était opéré en lui. On aurait dit qu’il désirait maintenant, comme pour se venger de l’oubli dans lequel on l’avait laissé, la perte de l’Acadie. Il avait reçu quelques recrues de France et des secours de Québec, peu considérables il est vrai, mais qui auraient pu lui être très utiles ; il les renvoya au moment du plus grand péril, n’ayant pu s’accorder avec leurs officiers, qui firent de grandes plaintes contre lui. La retraite de ces renforts, la mauvaise disposition des habitans à son égard, son inaction lors de l’apparition de l’ennemi, tout cela coïncidant avec le départ des flibustiers, s’est tourné en preuve contre ce gouverneur ; et, malgré sa justification auprès de ses supérieurs, il n’a jamais pu reconquérir la confiance de ses compatriotes, dont plusieurs n’ont point cessé de le regarder comme un traître.

Quoiqu’il en soit, il n’avait pas deux cents hommes de garnison, lorsque le colonel Nicholson arriva devant Port-Royal avec des forces dont l’immense disproportion était un hommage éclatant rendu à ses talens et à sa bravoure. Il se laissa bombarder au milieu des murmures et de la désertion de ses gens jusqu’au 2 octobre, qu’il capitula. La