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DU CANADA.

la noblesse de son royaume, qu’il la conduirait à l’ennemi malgré son âge de soixante-et-quatorze ans, et qu’il périrait à la tête. Cette résolution n’était pas une menace vaine : on a vu ce que peut un peuple qui combat pour son existence, en France sous Charles VII et en 1793 ; en Allemagne, en 1813, et plusieurs fois en Amérique depuis 1775.

Ce monarque aurait dû pour sa gloire mourir avec le siècle dans lequel il était né ; le suivant devait être fatal à lui et à tous les siens. En effet, dès le début, cet âge est marqué par le naufrage de la gloire de ce prince, qui fut longtems le premier de la terre ; et la fin est à jamais mémorable par la chute d’un trône qu’il avait entouré d’un pouvoir absolu, et par la mort violente ou la dispersion de toute sa famille.

Les revers de la guerre de la succession d’Espagne et le traité d’Utrecht, ont précipité la chute de la puissance française en Amérique,

    des larmes. Louis XIV dévorait sa douleur en public : il se laissa voir à l’ordinaire ; mais en secret les ressentimens de tant de malheurs le pénétraient et lui donnaient des convulsions. Il éprouvait toutes ces pertes domestiques à la suite d’une guerre malheureuse, avant qu’il fût assuré de la paix, et dans un tems où la misère désolait le royaume. On ne le vit pas succomber un moment à ses afflictions. »

    Voltaire : Siècle de Louis XIV.