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DU CANADA.

tipathie des naturels aux discours des Jésuites. On sait qu’ils portaient une haine profonde à ces missionnaires qu’ils voyaient comme des fantômes attachés dans les forêts aux pas des Indiens, pour leur souffler à l’oreille la guerre contre eux, et l’horreur de leur nom. Ils crurent que le P. Rasle était l’auteur de ce qui ne devait être attribué qu’à leur ambition ; et tandis que ce Jésuite employait toute son influence pour empêcher les Abénaquis de les attaquer, ils mettaient sa tête à prix et envoyaient vainement 200 hommes pour le saisir dans le village indien où il faisait ordinairement sa résidence. Ils furent plus heureux à l’égard du baron de St.-Castin, chef des Abénaquis et fils de l’ancien officier du régiment de Carignan, qui s’était aussi, lui, attiré leur vengeance. Il demeurait sur le bord de la mer. Un vaisseau bien connu parut un jour sur la côte ; il y monta comme il faisait quelquefois pour visiter le capitaine ; mais dès qu’il fut à bord il fut déclaré prisonnier et conduit à Boston (janvier 1721), où on le traita comme un criminel. Il y fut retenu plusieurs mois, malgré les réclamations de M. de Vaudreuil. Ayant été enfin élargi, il passa en France peu de temps après pour recueillir l’héritage de son père dans le Béarn ; il ne revint point en Amérique.